Redevenons petit et faisons connaissance avec cet art

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Petit introduction sur la marionnette

Tout art a un début

 

Au début, plutôt que théories dramaturgiques, tout est bois, tissu, colle, vis, crochets, fils de fer savamment tordus, quadruples croix d'où pendent des fils semblant défier tout démêlage... Les marionnettistes traditionnels, qui savent depuis toujours s'orienter dans les méandres encombrés de leurs castelets et y diriger leurs créatures, ne songent guère à remettre en cause leur héritage (souvent légué de force par un chef de tribu bien vivant et tyrannique !).

 

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Un saut immédiat dans l'imaginaire

 

Marionettenspieler, pupari, guignolistes font alors de la mise en scène comme monsieur Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. D'instinct en expérience, quelquefois aussi en imitant le théâtre d'acteurs, les montreurs ont découvert un ensemble de règles qui, tout en respectant les caprices de leurs poupées, c'est-à-dire leurs exigences particulières de manipulation, organisent le miracle quotidien : que le public le plus simple (celui des foires, des rues, ou les enfants) fasse immédiatement un saut dans l'imaginaire. Que personne ne voie des bouts de bois peints engoncés dans le cuivre ni des étoffes s'agiter sur une place de marionnettes en Sicile ( voir le site en question ), mais les paladins de France affrontant les sombres infidèles à Roncevaux que Méphisto apparaisse aussi réellement aux spectateurs du dernier rang qu'à Faust lui-même ou, simplement, que Guignol se rie d'un vrai gendarme. Initialement, la mise en scène est une grammaire du jeu des marionnettes (acquise, selon les montreurs, plus ou moins consciemment), qu'on retrouvera même dans un spectacle de marionnettes ( voir le site en question)  les plus éloignés de la tradition.

L'illusion d'être vrai


Quel que soit le genre de son spectacle, du numéro parodique pour noctambules allègres au récit illustré pour enfants sages, du show télévisé à la tragédie métaphysique, le marionnettiste devra toujours affronter cette nécessité première que l'on comprenne ce qu'il montre, que l'action soit lisible. La simple association voix-poupée, tout d'abord, n'est pas évidente, puis que la marionnette, que sa tête soit de tilleul sculpté, de papier «mâché» ou de polyester moulé, ne possède pas d'organe vocal. Condamnée à vivre éternellement en playback, elle doit pourtant donner l'illusion que c'est elle qui parle. On est ici pour parler de la marionnette.